Le Passé Jacquaire
à Arras et en Artois
Les traces et témoignages du passé jacquaire d’Arras
Pour l’essentiel : étude de Rose-Marie Normand
Rue Saint-Jacques se trouvait le siège de la confrérie de St-Jacques en Sainte-Croix.
(Proche de la place Sainte-Croix (actuellement place Guy Mollet) et de l’église St-Maclou, paroisse de la confrérie, fondée
en 1329…vendue à la révolution.)
Patron des marchands, Saint-Jacques était vénéré par les riches drapiers du Nord.
Il existait à Arras une confrérie dont l’origine remonte loin dans le temps :
En 1260, une pièce satirique d’un trouvère arrageois mentionne déjà le couvre-chef original des membres de la confrérie :
« Li frère de Saint-Jacques à chaperon grenat ».
Les confrères de Saint-Jacques portaient grand chapeau, c’étaient des flamands immigrés. Ils formaient une colonie
industrieuse établie place du marché au filé et dans les rues voisines. (Paroisse Ste-Croix)
Association pieuse créée « A l’honneur de Dieu et de Saint-Jacques », la confrérie était représentée par le mayeur. Ce
personnage portait le bâton de parade avec la plaque pectorale à l’image de l’apôtre suspendue par une chaîne de coquilles
d’argent.
En même temps qu’association pieuse, la confrérie participait activement aux fêtes de la cité. Elle fut notamment très
présente à la « joyeuse entrée » de Charles le Téméraire à Arras. (15-3-1469)
Il était de tradition que les confrères se rendent à l’église abbatiale pour y faire hommage féodal de leur chapelle bâtie sur le
tréfonds du monastère.
Le grand prieur les recevait dans le chœur et leur faisait présent de 8 cannes de vin pour leur fête.
La confrérie de Saint-Jacques a laissé peu de traces au 13 e et au 14 e siècle. C’est à partir du 15 e siècle, en 1416, que l’on
peut s’appuyer sur des textes.
La fête patronale de Saint-Jacques avait lieu le 25 juillet, célébrée en grande pompe. Les rues de la ville étaient parées de
tapisseries. Le cortège était précédé du porte-guidon de la confrérie, revêtu d’une casaque rouge, chargée de coquilles et du
bourdon de pèlerinage.La bannière en damas, présentait l’image de Saint-Jacques à cheval, ainsi que l’écusson de la ville… 3
rats y étaient représentés.
En 1494, la confrérie achète rue Saint-Jacques un manoir seigneurial ainsi que sa chapelle appartenant à Martin Rely dit le
« bon chevalier ».
Cette chapelle, fondée en 1423 par Adam Esturon, descendant d’une famille établie à cet endroit depuis 1170, était consacrée
à Saint-Jacques ! Coincidence ou y avait-il un lien quelconque avec la confrérie ?
Ce manoir comprenait une vaste salle qui devint le siège des assemblées et servait peut-être pour le banquet annuel : le repas
de « frairie » ou tout au moins la « bevée »( ) et le « potus » (breuvage)qui sont le symbole fondamental de la confraternité.
La puissante confrérie saint Jacques d’Arras possédait un vaste ensemble de bâtiments dans lesquels on avait aménagé une salle de
réunion ayant une capacité de 700 personnes. En 1602, on décida de revêtir les murs de cette salle avec les portraits de tous les
mayeurs à partir de 1494. L’ensemble représentera au total 254 portraits.
Ils disparaîtront tous à l’exception de six d’entre eux. Le personnage ici représenté est le
144 ème mayeur : Pierre Lefrancq en l’an 1637.
Consultant la liste de tous les mayeurs portraiturés, j’ai eu la,surprise de constater que le
231 ème d’entre eux se nommait…François Joseph Brette ; en bas du portrait figuraient
les attributs de sa profession, des ciseaux de tailleur. Mon père et mes deux grands-pères
étaient tailleurs…Clin d’œil du passé…
UN MAYEUR DE LA CONFRERIE D’ARRAS
En 1640, l’hôtel de la confrérie n’étant plus occupé, les dominicains
s’y réfugient après la destruction de leur couvent.
Dès le début du XVIIIème siècle, la confrérie, sans objet et sans
recrutement n’a pas attendu pour désaffecter l’hôpital. Elle loue à
des particuliers les diverses habitations. Le logis principal est loué à
usage de cabaret avec toutefois la charge de loger les pèlerins
passant à Arras et de leur fournir sur un billet du mayeur, la soupe,
le pain, le fromage.
Cet état anormal de la confrérie fait l’objet le 18 janvier 1770 d’une
enquête de l’intendant Chauvelin.
La confrérie résiste, ses derniers mayeurs protestent énergiquement contre cette spoliation
d’une propriété privée que les confrères avaient acquise de leurs propres deniers. La ville passe outre, les confrères se pourvoient devant la Conseil d’Etat. Le 25 septembre les mayeurs sont déboutés et l’expropriation de la confrérie confirmée.